NOTA: Ce texte peut circuler librement sans aucune restriction par quiconque en éprouve le désir.
Date de rédaction: 21
février 2003
10e
PLANETE
ET FIN DU
MONDE
Jean Sider
Introduction
Une nouvelle théorie
sur notre système solaire vient d’être divulguée. Une dixième planète tournerait
autour de notre soleil sur une trajectoire elliptique très excentrique, ce qui
la conduirait à mettre plusieurs milliers d’années pour accomplir une orbite
complète. Voilà qui va donner un regain d’intérêt pour l’écrivain Zecharia
Sitchin, auteur américain qui, dès 1976, avait préconisé l’existence de ce
corps céleste supplémentaire.
Pour ce faire, il
s’est appuyé sur des interprétations de textes vieux d’environ 6.000 ans, qui
figurent sur des tablettes de caractères cunéiformes exhumées sur divers sites
de l’ancienne Mésopotamie. D’après les Sumériens, premier peuple à avoir conçu
un langage écrit, cette planète s’appelle Nibiru et elle accomplirait une orbite
tous les 3.600 ans. (Zecharia Sitchin, The Twelfth Planet, Avon Books, New
York traduction en France: La 12e Planète, Souffles, Paris, 1988,
p. 257).
Or, une revue
scientifique française a proposé récemment la théorie d’un astronome qui va
certainement faire des remous chez les amateurs de 10è planète. Toutefois, nous ne devons pas nous
réjouir pour autant, car ce corps céleste constituerait une redoutable menace,
mais qui a mon sens est usurpée, j’y reviendrai.
Des astronomes au
courant
Il s’agit d’une
interview de l’astronome Alessandro Morbidelli, qui oeuvre à l’observatoire de
la Côte d’Azur, à Nice. Voici ce qu’il a déclaré: « La ceinture de Kuiper semble s’arrêter
brusquement à 50 unités astronomiques, comme si elle était tronquée. Si une
planète de la taille de Mars s’était formée dans cette région au début du
système solaire, elle aurait pu "nettoyer”, à mesure qu’elle grossissait,
l’extérieur de la ceinture de Kuiper. Puis, perturbée par son interaction avec
Neptune, cette planète aurait pu être expulsée sur une orbite très allongée,
dont la période pourrait se compter en milliers d’années. Je m’attends à ce
qu’un jour, nous découvrions une telle planète ». (Science & Vie, février 2003, pp.
86-87).
Comme ajoute bien S & V: « En imaginant que cette planète est restée
très loin du soleil pendant ces dernières centaines d’années, on comprendrait
qu’aucun astronome ne l’ait jamais observée. Après tout la lunette astronomique
ne date que de quatre cents ans ! ».
La même revue va
jusqu’à publier un schéma montrant l’ellipse originale de cette supposée
planète. Or, ce qui est vraiment étonnant, est le fait que Z. Sitchin, dans son
livre édité aux Etats-Unis en 1976 et publié en français en 1988, reproduit un
schéma très proche pour ne pas dire identique ! Et la légende qui accompagne le
dessin de S & V précise ceci:
« Une planète supplémentaire, avec
une trajectoire très elliptique, pourrait exister sans que les astronomes
l’aient jamais encore observée ».
D’ailleurs il semble
que M. Morbidelli n’est pas le seul à avoir cette opinion, car S & V mentionne bien, page 86
« Et surtout, beaucoup
d’astronomes pensent que le système solaire cache une planète supplémentaire
qui n’aurait pas encore été repérée ! ».
Beaucoup ? Tiens,
tiens... Pourtant, aucun d’entre eux en France, à ma connaissance, ne s’était
exprimé sur ce sujet jusqu’ici. Le point d’exclamation est de S & V, pas de moi.
Est-ce que certains
astronomes connaîtraient la théorie de Zecharia Sitchin ? Ou encore, est-ce que
cet auteur a eu vent de la possible existence d’une 10e planète au milieu des
années 1970, par l’entremise d’un astronome de ses relations ? C’est peu
probable pour la première solution mais pas impossible pour la seconde. Quoi
qu’il en soit, les astronomes et l’érudit américain, par des chemins totalement
différents, parviennent au même résultat.
Une connaissance qui n’est
pas nouvelle
D’après certaines
données que j’ai pu rassembler à partir de diverses sources, l’existence de ce
corps céleste aurait déjà été admise depuis au moins vingt ans. Je citerai les
principales en employant le mode conditionnel à dessein car certaines d’entre
elles semblent suspectes à plus d’un titre.
En janvier 1981,
plusieurs journaux américains auraient annoncé que l’orbite de Pluton indique
que la planète X existe bel et bien, se référant aux déclarations d’un astronome
de l’U.S. Naval Observatory.
En 1982, la NASA
aurait avoué la réalité de cette 10e planète dont l’orbite va bien au-delà
des planètes les plus éloignées de notre soleil. Le 19 juin de cette année-là,
le New York Time aurait publié un
article allant dans le même sens. Le rédacteur y aurait expliqué que des forces
gravitationnelles perturbent les
deux planètes géantes Uranus et Neptune, ce qui provoque des irrégularités dans
leur parcours orbital. Les astronomes ayant fait ce constat estiment que ces
forces suggèrent la présence lointaine d’un « gros objet » ( la
supposée planète X).
En 1983, c’est le Washington Post qui aurait repris un
communiqué du JPL (Jet Propulsion Laboratory, excroissance de la NASA.) en date
du 30 décembre. Le texte diffusé énoncerait ceci: « Un corps céleste aussi
gros que Jupiter et faisant partie de notre système solaire a été découvert dans
la direction de la constellation d’Orion. Cet objet a été détecté grâce à notre
télescope orbital RAS (Infrared Astronomical Satellite) ».
En 1985, une
« théorie Némésis » aurait commencé à circuler parmi les astronomes.
Plus récemment elle aurait été proposée par Walter Alvarez, de l’Université de
Californie. Elle voudrait expliquer l’extinction régulière de certaines espèces
(y compris les dinosaures) par une « étoile tueuse », ou planète qui
reviendrait périodiquement en compagnie d’un essaim de météores et de petites
comètes, et qui sèmerait la mort et la destruction à l’intérieur de notre
système solaire.
En 1987, un
diagramme serait apparu dans l’ouvrage New Science and Invention Encyclopedia,
publié par H. S. Stuttman, Westport, Connecticut, Etats-Unis. Il montre la
position des sondes Pioneer 10 et Pioneer 11 par rapport à deux corps célestes
officiellement non répertoriés: un soleil éteint situé à 50 milliards de miles
et la 10e planète située à 4,7 millions de miles. (de notre soleil). Un auteur à prendre
avec des pincettes, qui reproduit ce diagramme dans son livre, prétend que la
publication qui l’a révélé est crédible et respectée. (Mark Hazlewood Blindsided, Planet X passes in 2003: Earthchanges !
Brekel Group Inc., Orlando, FL, 2001, p. 17).
En août 1988, un
rapport de l’astronome Richard Harrington, de l’U.S. Naval Observatory,
indiquerait que la masse de ce corps céleste devrait ferait quatre fois celle de
la Terre.
En 1992, ce même Richard Harrington et son
collègue Thomas van Flandern, auraient affirmé qu’il existe bien une 10e planète
« intruse » dans notre système solaire. Malheureusement le décès
brutal de R. Harrington aurait mis fin à des recherches déjà bien engagées à
l’observatoire de U.S. Navy.
Enfin, chose sûre cette fois-ci, en février 2003, apparaît le théorie de l’astronome A. Morbidelli, citée plus haut, première du genre en France dans une revue scientifique, du moins pour autant que je sache.
Une autre
information aurait été publiée en Grande-Bretagne dans les Monthly Notices of the Royal Astronomical
Society du 11 octobre (année non précisée). Un Dr. John Murray y aurait
admis qu’un objet 32.000 fois plus loin que la Terre, par rapport au soleil,
tournait autour de ce dernier. Il aurait ajouté que cet objet est au moins aussi
massif que Jupiter, et qu’il fait partie intégrante de notre système solaire
depuis sa formation.
Cependant, Mark
Hazlewood soutient que quatre jours plus tard les censeurs de l’establishment
ont fait publier un second article qui dément les informations du premier, puis
suivi d’un troisième qui donne dans la désinformation. Le hic, c’est qu’il ne
fournit aucune référence concernant ces deux articles.
Un adepte de
l’apocalypse
Pire, Il affirme
carrément que la fin du monde surviendra en mai 2003. De plus il associe souvent
les données divulguées sur les astéroïdes de la ceinture de Kuiper avec la 10e
planète, ce qui est une erreur à ne pas commettre dans cette affaire. Chose
ahurissante, il accorde un crédit inconditionnel à des channels (médiums) qui auraient reçu des
messages télépathiques de « guides spirituels » sur une proche fin du
monde. La plupart parlent de grands bouleversements dus à une étoile ou une comète, ce qui nous éloigne d’une
dixième planète. Les autres ne livrent pas de causes précises. Il cite dix-sept
messages, dont un seul cite 2003.
Il publie aussi 23
stances prophétiques calamiteuses de Mother Shipton, (Ursule Southiel, en
réalité) publiées en 1645 par l’astrologue W. Lilly. Mais il
« oublie » de dire deux choses: 1)- Cette anglaise a annoncé la fin
du monde pour 1991. 2)- Ses prophéties ont été connues avant sa
naissance (Pierre Carnac, Prophéties
et prophètes de tous temps, Pygmalion, Paris, 1991, pp. 234-235). Enfin, il
se réfère au channel Nancy
Lieder qui, en 1995, a lancé le mythe Zetatalk sur Internet. Il n’en dit que
quelques lignes et soutient qu’elle est très populaire. Comment une personne qui
annonce l’imminence de la fin du monde peut-elle être populaire, est quelque
chose qui me dépasse...
Le problème c’est
que les entités qui livrent des informations aux channels ont pour habitude
d’effrayer les humains avec les mensonges les plus gros. Par exemple, j’ai l’un
de mes correspondants qui reçoit des messages sur sa machine à écrire depuis le
milieu des années 1970. Il a reçu plusieurs fois des menaces de fin du monde. La
première, en 1982, donne une date approximative se situant entre 2014 et 2015.
Puis en 1985, deux messages livrent deux dates précises différentes pour
1993 ! Un quatrième, en 1989, mentionne bien 2003 mais il est précisé qu’il
s’agit du 3e secret de Fatima. Les autres ne citent aucune date, et l’un d’eux
dit ceci: «Toutes nos prophéties se réalisent sauf si nous décidons de
remettre à plus tard le châtiment annoncé ». Il n’y a vraiment rien de
solide à tirer à partir de ces
prédictions contradictoires.
Comme déjà précisé
il y a au moins 6.000 ans que les Sumériens connaissaient cette 10e planète sous
le nom de Nibiru, selon Zecharia
Sitchin. Parce que leurs tablettes admettent être des copies d’écrits
antérieurs, cette ancienneté peut encore être repoussée de plusieurs centaines
d’années, peut-être même de milliers. D’autre part, les Sumériens admettaient
des bouleversements au périgée de Nibiru (pluies, inondations), mais pas
de fin du monde (Z. Sitchin, op. cit., pp. 252-253).
Au sujet de l’auteur
très douteux Mark Hazlewood j’ai noté un autre abus de sa part. En effet, il
prétend que certains textes anciens des Indes citent un corps déleste appelé Treta Yuga, ou Kali Yuga, qui aurait une orbite de
3.600 ans, ce qui est exactement le temps que mettrait la planète Nibiru des Sumériens pour faire le tour
du soleil. Or c’est absolument faux, comme nous allons le voir ci-après.
D’après le
spécialiste des mythes des Indes Richard L. Thompson, Trata-Yuga n’est pas une planète mais le
deuxième cycle de 3.600 ans d’une période divine de temps qui comporte quatre Yugas ou divisions. Elle totalise 12.000
années selon des textes sanskrits contenus dans les Puranas, entre autres livres. Le premier
cycle, Krta-Yuga, dure 4.800 ans. Le
deuxième Trata-Yuga a pris fin il
y a plus de deux millénaires. Puis il y a eu les 2.400 ans du troisième Dvapara Yuga, et actuellement nous
sommes dans le quatrième et dernier cycle appelé Kali Yuga. Celui-là dure 1.200 ans et
n’a commencé qu’en 1899. (Richard L. Thompson, Mysteries of the Sacred Universe,
Govardhan Hill Publishing, Alachua, Floride, 2000, pp. 224 et
227-228).
Donc, le marchand de
peur Mark Hazlewood s’est rendu coupable d’un énorme mensonge en déformant
sciemment le sens des cycles Trata-Yuga
et Kali-Yuga pour les adapter à
son hypothèse apocalyptique.
Que disent les grandes
prédictions ?
Certaines concernent
également un ou plusieurs corps célestes destructeurs pour l’humanité. J’en
citerai deux:
1- Chez les indiens
Hopis d’Amérique du Nord l’une d’elles dit ceci: « Un jour certaines étoiles viendront ensemble
en une seule rangée, comme cela s’est déjà produit il y a des milliers d’années.
C’est le temps de purification pour la Terre. Des changements de climat et de
nombreuses catastrophes peuvent se produire quand nous parviendrons à ce stade.
Ce qui peut se produire alors personne ne peut le savoir réellement ».
Des « étoiles en une seule rangée » ? Voilà un élément qui évoque
l’alignement de toutes les planètes prévu le 21 décembre 2012. D’après cette
prophétie, outre d’immenses dégâts et pertes en vies humaines, ce serait le
début d’une nouvelle ère glaciaire. (Thomas E. Mails, The Hopi Survival Kit, Penguin/Arcana,
New York, 1997, pp. 209-210 et 214-215.)
Signalons également
que les prophéties des Hopis auraient été communiquées à leurs prophètes par le
Créateur lui-même. Elles peuvent ou ne peuvent pas se concrétiser. Il s’agit
donc davantage de probabilités modifiables selon la volonté du Créateur ou des
hommes, d’après ce que prétendent les Hopis qui les ont faites. A noter
cependant que celles qui se sont réalisées sont tellement impressionnantes que
le livre des prophéties des Hopis (Hotevilla) a été traduit en Français par
l’Unesco (T. E. Mails, op. cit., p. 186).
2- Les prophéties
des Mayas sont en gros identiques à celles des Hopis. Elles indiquent que nous
sommes parvenus à la fin d’un dernier cycle d’existence pour nos civilisations.
Les dates données de ce cycle correspondent pour le début au 12 août 3114 avant
J. C. et au 21 décembre 2012 pour la fin. A ce moment-là notre planète est
censée enregistrer de très violents séismes terriblement dévastateurs (Adrian G.
Gilbert & Maurice M. Cotterell, The
Mayan Prophecies, Elements Books Ltd., Boston, Mass., 1995,
p.2).
Conclusion:
A chaque prétendu
retour de la planète X dans l’environnement des autres planètes, des forces
gravitationnelles et magnétiques s’opposeraient et provoqueraient une
combinaison de facteurs aux effets dramatiques pour la Terre. Des traces des
dégâts produits par ses précédents passages existeraient: séismes, raz de marée,
éruptions de volcans, basculement de l’axe des pôles, terres englouties,
changements climatiques, disparitions de certaines espèces animales, végétales,
et communautés humaines, etc..
Toutefois, il s’agit
seulement de suppositions, et non de certitudes formelles, car il existe de
nombreuses autres causes naturelles connues n’ayant rien à voir avec une 10e
planète. Mais ce qui discrédite totalement cette affaire est le calcul qui a amené Mark Hazlewood à
désigner cette date, mai 2003, qui est en fait arbitraire. En effet il se base
sur deux arguments très sujets à caution, à savoir:
1- Des désastres
antérieurs déterminés par des découvertes archéologiques. Il cite en exemple une
catastrophe de grande ampleur qui aurait été datée en 1628 av. J. C. à partir de l’étude des anneaux de
croissance d’un arbre fossile (Discovering/Archeology,
Juillet/août1999, p. 72). Notre homme a donc supposé que cette catastrophe
majeure avait été produite par la planète X à son dernier passage à proximité de
la Terre, ce qui n’est absolument pas sûr du tout. Supposer n’est pas prouver
d’autant que, comme dit ci-dessus, des explications différentes peuvent être
avancées (chute d’astéroïde, mouvements telluriens, anomalies climatiques de
grande ampleur, etc..)
2- Puis il a ajouté
3600 ans (durée supposée de l’orbite de la planète X) à l’année 1628 av. J. C., ce qui fait 1972
après J. C. si je sais compter. Cela ne justifie pas mai 2003 soit dit en
passant. Pourquoi mai, et pourquoi 2003 à partir de ce calcul ? De plus, la
prétendue orbite de 3.600 ans est d’une durée tout aussi arbitraire car pour le
moment, elle n’a pas encore été établie sur des bases scientifiques rigoureuses.
Du moins, rien n’a transpiré à ce sujet. Enfin, c’est un nombre qui nous vient
d’une civilisation disparue, celle de Sumer, laquelle ne connaissait même pas le
télescope ! Ce qui veut dire ceci: ou bien ce nombre est une invention du corps
sacerdotal sumérien, ou bien il lui a été donné par ses « dieux », ou
encore il s’agit d’une mauvaise interprétation de Zecharia Sitchin. Or, dans les
trois cas de figure, il y a absence totale de crédibilité.
Dès lors, spéculer
sur de pareils éléments pour
annoncer la fin du monde en mai 2003 est aussi insensé que d’affirmer que la
Terre est sur le point d’être envahie par des Extraterrestres au physique
reptilien. Ce n’est finalement qu’une rumeur alarmiste de plus, lancée par des
citoyens américains irresponsables. Et le plus grave c’est qu’il y a des naïfs
pour la gober sans se poser de questions.